Nous ne l’attendions plus et puis pouf, Tony Hawk’s Pro Skater 3+4 est là ! Les deux meilleurs épisodes de la licence s’offrent un gros lifting façon vieille bourgeoise. Mais, contrairement à une riche en pleine décrépitude gavée de botox et de silicone, le résultat vaut il le détour ? Regardons ça ensemble de plus près (le jeu vidéo, pas les vieilles).
Bonne surprise
Après le très bon Tony Hawk’s Pro Skater 1+2 en 2020 toute la joyeuse communauté des (ex) skaters trentenaires geeks et bedonnants attendait rapidement une suite avec la refonte des épisodes 3 et 4 de la fameuse licence de Anthony Faucon (le vrai nom français de Tony Hawk). Seulement c’était sans compter sur la pleutrerie capitaliste et la propension dantesque d’Activision à nous prendre sauvagement par derrière. Or donc, malgré le succès de THPS 1+2, cette petite pute calculatrice d’Activision décide tout simplement de fermer le studio Vicarious Vision à l’origine du jeu (pour être plus précis le studio a été absorbé par Blizzard). Il n’ y a donc plus d’espoir d’un Tony Hawk’s Pro Skater 3+4 qui était pourtant en projet à ce moment là. Gros coup de mou au morale (et à l’érection) des fans qui bavaient déjà à l’idée de se farcir la suite.
Et puis survint l’impensable. Une parole divine du dieu Tony lui-même. Un évangile selon Saint-Faucon. Début mars 2025 est officiellement annoncé la sortie de Tony Hawk’s Pro Skater 3+4 en juillet de la même année sur toutes les plateformes pouvant accueillir des jeux vidéo modernes. Le bousin est développé par Iron Galaxy Studios, un studio basé à Chicago plus connu pour ses portages (très nombreux) que pour ses productions originales. Mais à quoi va bien pouvoir ressembler cette suite de THPS 1+2 ? Vont-ils tout révolutionner ? Faire table rase du travail de Vicarious Vision ? Connaissant ce putain de faignant d’Activision la réponse est déjà connue.

1+2=3+4
Pour résumer le bazar, jouer à Tony Hawk’s Pro Skater 3+4 c’est comme remettre une vieille paire de charentaises que tu aurais laissé moisir dans un coin de ton salon. Tu connais la sensation, c’est confortable, c’est agréable mais il n’y a aucune surprise (et ça sent un peu le moisi aussi). Pour résumer THPS 3+4 c’est à 75 % du THPS 1+2.
Tout est là. Les niveaux revisités de Tony Hawk’s Pro Skater 3 et Tony Hawk’s Pro Skater 4 avec les traditionnelles deux minutes de chrono pour se farcir des objectifs classiques de la licence (score, lettres SKATE, etc.). Le mode « Carrière » pour poncer une première fois tous les niveaux. Le mode « Speed run » où il faut terminer tous les objectifs d’un niveau le plus rapidement possible. Un mode tour pour se retaper tout ce bordel avec chaque skater de la foutu création. Même le menu ressemble à celui de la refonte précédente bordel ! On comprend vite comment Iron Galaxy Studios a pu nous pondre une nouvelle mouture aussi rapidement.

En même temps, autant ne pas être un connard hypocrite. La formule de THPS 1+2 est très bonne et satisfait les joueurs alors autant garder une recette qui marche. Et y ajouter quelques ingrédients supplémentaires au passage. A noter par exemple les objectifs pros qui s’ajoutent aux classiques. Ou encore in mode photo plutôt complet. A cela s’ajoute également une sacrée tripotée de nouveaux skateurs et skateuses à incarner.
Trouver skater à son skate
Si tu trouvais qu’il y avait beaucoup de choix dans les skaters dans THPS 1+2 tu vas tomber du haut de ton canapé en peau de castor. Dans THPS 3+4 c’est 35 skaters et skateuses qui s’offrent à toi devant ton regard de merlan frit. Enfin, je devrais plutôt parler de personnages car les Tortues Ninja et le Doom Slayer ça n’existe pas (si si je te jure que ça n’existe pas). Tout d’abord nous avons le droit à tous les skateur/skateuses de THPS 1+2 ce qui nous fait déjà une bonne petite chiée de gloires anciennes et présentes de la planche à roulette. Ensuite il y a les nouveaux venus tout droit sortis des compétitions des skate comme notre très français Aurélien Giraud (cocorico bande de bâtards ricains !) ou la brésilienne Rayssa Leal. Tout cela fait un peu promotion grossière de la Street League Skateboarding/X Games histoire d’incarner les stars de ces rencontres sportives américaines. Et pourquoi au passage ne pas nous donner l’envie d’acheter des tickets pour ces événements et de la cacaille fabriquée par des esclaves en Asie. Globalement le jeu n’est qu’un immense placement de produits avec une tétra chiée de marques et de sponsors. Si tu doutais que le skate est un sport capitaliste éhonté, en voilà une bonne preuve.

Il y a aussi des skaters plus connus pour leur prouesses dans la rue (et je ne parle pas de prostitution) comme le skateur canadien Andy Anderson. A noter également que le nombre de skateuses est revu à la hausse avec huit pour cet opus contre quatre pour le précédent. Cela va dans le bon sens mais nous sommes toujours loin de la parité. Pourquoi ne pas virer quelques vieux mâles dont nous n’avons plus rien à foutre et ajouter quelques skateuses ?
Il y a aussi tout le cortège de personnages à la con qui servent à rien comme Michelangelo des Tortues Ninja ou le Doom Slayer et son antagoniste de la licence Doom. Dans THPS 3+4 nous tenons ici la palme du personnage bonus le plus chiasseux avec Birdman qui ne ressemble tout simplement à rien.
Un THPS 3 glorifié…
Forcément lorsque nous parlons d’un jeu vidéo « refonte », il faut comparer l’original avec la dernière version. Faisons donc l’exercice avec Tony Hawk’s Pro Skater 3 le bien aimé, sorti en 2001. A l’époque, cet opus était dans la pure continuité des deux premiers épisodes avec ses niveaux bien foutus, son mode « Carrière » et ses objectifs de missions à torcher en deux minutes.

Les planètes sont donc alignées pour le ressortir sous Unreal Engine 5 sans venir bousculer la formule classique. Nous retrouvons donc les niveaux de THPS 3 magnifiés par des graphismes réalistes et une jouabilité rapide et moderne de la série THPS avec reverse, wallplant et toute la clique de figures chelous qui rendent les combos infinis. Le ressenti est franchement bon et tu retrouves les sensations de ta jeunesse sur l’épisode du début des années 2000. Que du plaisir donc ! Le seul problème est qu’il faut changer de slip très souvent à cause de trop fréquents épisodes de jouissance.
Face à ce constat plus que plaisant, c’est avec une confiance totale que nous passons à la refonte de l’épisode 4 après avoir dévoré les objectifs de tous les niveaux de THPS 3. Et là c’est moins joyeux d’un coup.
…et un THPS 4 saccagé
THPS 4 est l’épisode préféré de ton sanglier favori alors pardonne moi par avance le petit coup de gueule à venir. Mais revenons à nos marcassins. THPS 4 pointe le bout de son nez en 2002 sur toutes les plateformes de l’époque. Il opère une petite révolution façon décapitation de nobles français en mettant au placard le principe de niveaux chronométrés. Tu pouvais donc te balader dans chaque niveau et démarrer des missions en parlant à des PNJ. Seulement alors un chronomètre se mettait en marche pour la réalisation des objectifs. Et ça c’était un putain de changement pour les habitués de la série ! Les niveaux également était foutrement bien foutus, de même que les challenges qui te mettaient à rude épreuve avec chaque skater pro disponible.

Tout cela, THPS 3+4 le prend, le broie, le découpe en petits morceaux, chie dessus et l’incinère. Tout ce système novateur disparaît pour être remplacé par un mode de fonctionnement à l’ancienne, copié sur les trois premiers opus. Autre différence marquante, certains niveaux ont évolués par rapport à la version originale. Par exemple le zoo de Londres est abandonné avec ses animaux qui ont disparus. Côté bonnes nouvelles nous pouvons quand même noter l’ajout de deux niveaux : le parc aquatique et le flipper.
Ce parti pris est compréhensible pour garder la cohérence de l’expérience entre les deux jeux rassemblés. Mais personnellement je n’accroche pas du tout à cette version de THPS 4. Je me contenterai donc de me consoler avec la version originale sur Game Cube en pleurant. J’en attendais trop putain !
Tony Hawk’s Pro Cheater
Parmi les ajouts de THPS 3+4 par rapport à THPS 1+2, il y a les options d’assistance. Cela consiste en des réglages dans un menu dédié pour faciliter l’expérience du joueur. Par exemple, supprimer l’équilibre des manuals et des grinds, supprimer les chutes, doubler les points, j’en passe et des meilleurs. Ce n’est non moins que de la triche (cheat) assumée sans complexe. Un drame absolu. Ou comment rendre un jeu exigeant de la maîtrise, totalement inintéressant. Autant jouer à un jeu PEGI 3+ pour enfant ou tout simplement regarder des vidéos de jeu de skate en survête dans son canapé.
Les plus intègres et ceux voulant réellement s’amuser regarderons avec mépris ces options ineptes. Les mauvais joueurs et les Jean-Kevin qui veulent avoir l’impression de savoir jouer se rueront dessus comme un communiste sur le Livre Rouge de Mao Zedong. Dans tous les cas un tel truc n’a rien à faire dans un jeu vidéo.

Laisse moi kiffer la vibe avec mon skate
Enfin, avant de te laisser poncer le jeu petit marcassin, je voulais causer un peu de la musique de THPS 3+4. Comme dans l’épisode précédent tu retrouves la plupart des morceaux classiques des épisodes originaux. La programmation est plutôt rock/metal, ce qui n’est pas pour déplaire au sanglier il faut dire. Parmi les groupes mythiques nous comptons Iron Maiden et les Sex Pistols. Par contre AC/DC et System of a Down disparaissent des radars alors que la musique de l’intro de THPS 4 était TNT de AC/DC. Ces morceaux sont cependant remplacés par d’autres de grande qualité comme Precious Stones de Mastodon.
Si tu as chopé l’édition digitale deluxe de THPS 3+4 tu auras le droit, en plus du Doom Slayer comme personnage jouable, à quelques morceaux tout droit venus des épisodes modernes de la franchise Doom. C’est plutôt sympa mais en même temps le djant doomesque sans paroles de ces morceaux ne colle pas franchement avec l’ambiance Tony Hawk’s Pro Skater.

Le verdict du sanglier

Tony Hawk’s Pro Skater 3+4 fait globalement bien plaisir. C’est beau. C’est fluide. Ça rappel des bons souvenirs. Le contenu est bien balèze, malgré des parties très répétitive sur la fin. La où le jeu pêche c’est à retranscrire le changement opéré dans THPS 4 qui se retrouve dénaturé à la sauce des trois épisodes précédents. Peut-être qu’il aurait fallu un découpage du genre THPS 1+2+3 et THPS 4+Underground + Underground 2 ? Et puis c’est bien beau les refontes de jeux des années 90/2000 mais c’est pour quand un épisode 100 % original de la série Tony Hawk’s ? Je sais que je suis un putain de pigeon bon public qui achète des remasters les yeux fermés mais à un moment il faut pas abuser Activision !
Comment qu’il y a joué le sanglier ?
Version | PlayStation 5 |
Temps de jeu | 24 h (compter au moins deux fois plus pour poncer entièrement le jeu) |
Plateforme de test | PlayStation 5 |
Test multijoueur | Non (pas envie de me faire escroqué par le PS +) |