La suite de trop (peu) ?

En 2009 sortait le très bon Dragon Age Origins de BioWare. Tous les ingrédients de la fameuse sauce du chef du RPG occidental étaient là : l’alignement (bon ou méchant) du héro, les choix dans les dialogues avec autant d’embranchements scénaristiques, le recrutement de compagnons de voyages, la possibilité de troncher… pardon, d’avoir une romance. Bref, comme il serait dommage de s’arrêter à un bon jeu, BioWare remet le couvert deux ans plus tard (soit en 2011 si tu sais compter) avec le sobrement nommé Dragon Age 2 (toujours édité par le machiavélique Electronic Arts).

Forcément sur le papier c’est alléchant. L’univers de dragon Age est aussi riche qu’un trader à caniche accro à la cocaïne et BioWare est à son pic de maîtrise de son art (avant de se dégonfler dans les années suivantes comme un vieux sans viagra). Qu’est ce qui pourrait mal se passer ? Franchement ! Pas mal de trucs en fait.

Voici le seul dragon du jeu. C’est con pour un jeu qui s’appelle « Dragon Age ».

C’est l’histoire d’un mec… et puis c’est tout

Attaquons nous d’abord à l’histoire, petit marcassin. C’est vaguement important quand même dans un RPG. L’intrigue de Dragon Age 2 se déroule directement après celle du premier opus. Tu peux d’ailleurs choisir (ou pas) de charger ta sauvegarde du précédent jeu pour profiter de la continuité scénaristique avec tes choix du passé. C’est super hein ? Mais au final on s’en branle parce que ce n’est (quasiment) pas exploité dans la suite de l’histoire. C’est ballot.

Le bazar commence à l’envers avec l’un de tes compagnons qui se fait interroger façon inquisition par une nana ressemblant à Jeanne d’Arc (les délires paranoïaques en moins) qui veut savoir ce qu’il s’est passé. Tu choisis ensuite une classe parmi trois (voleur, mage, guerrier). Débute alors ton aventure. Tu es un féreledien dont la sœur est une apostat et tu fuis l’Engeance avec ta famille. Tu te retrouves dans la pétillante ville de Kirkwall sans un sou. Tu n’as rien compris à cette phrase ? Tu n’as qu’à jouer à Dragon Age Origins.

Oh mon dieu ! Des esclaves qui prennent des poses de héros de manga shonen ! Le combat va être rude.

De toute façon, tout ça on s’en cogne les testicules à coup de raquettes de ping-pong. Parce que l’histoire est tout simplement bidon. En fait il est question d’intrigues politiques à la con dans cette ville de merde avec la guéguerre entre les templiers et le cercle des mages. Pour te dire le scénario est aussi intéressant qu’un livre de personnalité politique. Le pire dans tout ça c’est que tu incarnes un mec ou une nana lambda à qui il arrive des aventures sans liens les unes avec les autres. Le tout pour décider de l’avenir d’une ville dont on a absolument rien à foutre.

Voir Kirkwall et mourir

Ce scénario tout pété est l’occasion de passer à un autre point important du jeu : tout se passe dans la ville de Kirkwall avec quelques maigres incursions dans ses environs. Eh oui ! Tu peux oublier l’exploration du premier épisode dans divers endroits de Férelden. Tu vas bouffer des aller-retours sans nombre dans cette ville assez jolie finalement, mais au bout de plusieurs dizaines d’heures de jeu tu auras juste l’envie d’aller courir nu dans les prés en pleine crise de démence tellement tu auras besoin de prendre l’air. Cerise de crotte de nez sur le gâteau de morve tu n’auras le droit qu’aux mêmes cartes d’intérieur et d’extérieur qui se ressemblent toutes. Ça fait putain de cheap bordel ! Electronic Arts n’avait pas assez de pognon pour faire des niveaux différents ?!

A ce moment là tu essayes de te rassurer comme tu peux. Un peu comme un capitaliste en plein crack boursier. Malgré la médiocrité de son scénario et de ses environnements peut-être que la jouabilité de Dragon Age 2 est excellente… ben non. Ici, fini la formule de combat en semi-temps réel héritée de Star Wars KOTOR. BioWare se met à la mode du action-RPG mou comme une bite d’octogénaire. Les coups sont lents, la réactivité est celle d’une huître. Aucun sentiment de puissance en tabassant les monstres. Même à haut niveau tes dommages seront à la mesure de ceux des coups de rein d’une mouche en rut sur la jambe d’un éléphant. Bref, on s’emmerde grave !

C’est beau hein Kirkwall ? J’espère que tu aimes parce que tu vas la voir jusqu’à l’écœurement cette putain de ville.

Compagnons plante verte et choix scénaristiques

Heureusement qu’il y a les mécaniques liées à l’amitié et à la rivalité avec les compagnons ! En fait non… Le travail sur la personnalité de tes petits copains et de tes petites copines n’est pas mauvais, loin de là. Mais c’est pas fifou non plus. Tu te retrouves vraiment en terrain connu si tu as déjà touché à des jeux BioWare de cette époque. Toujours les mêmes archétypes de pseudo complexité de l’égo de tes comparses avec une bonne dose de psychologie inversée.

A cela s’ajoute de vrais choix scénaristiques qui influent sur le destins des protagonistes de l’histoire. Encore mieux ! Les différents embranchements décident également de la vie ou du trépas de tes compagnons. C’est LE principal point fort de Dragon Age 2. Un des seuls en fait. Grâce à l’importance de tes choix le potentiel de rejouabilité est énorme. Mais seulement tu es prêt à te retaper tout le reste pendant 30-40 heures.

Un menu bien simplifié pour les joueurs abrutis.

Le verdict du sanglier

Dragon Age 2 avait une route toute tracée pavée d’or par son prédécesseur. Au final cela se transforme plutôt en un chemin boueux, cabossé et plein de merde de caniche. Oui le jeu est beau, l’ambiance est sympa et les choix scénaristiques sont importants. Mais la jouabilité mollassonne, les décors répétés à la nausée et l’inintérêt plus que limité du scénario et des quêtes annexes viennent tout saccager. Le jeu n’est pas mauvais mais aurait pu être tellement plus. Et en plus les scènes de culs sont loupées. Rendez-vous pour la suite. Oh Dragon Age Inquisition j’invoque ton nom !

Ne t’inquiète pas Anders. Il me reste un peu de vaseline au fond du tube. Ça va bien se passer.