Tu en as marre de la surenchère artificielle de la puissance et du prix qui va avec chez les consoles nouvelle génération ? Et tu aimes les jeux retro mais tu ne veux pas y laisser la peau du cul à chaque fois que tu passes à la caisse ? En plus, tu es noyé dans les émulateurs et le nombre de jeux ahurissant disponibles ? Alors j’ai la solution pour toi petit marcassin : l’Evercade de Blaze Entertainment. Voyons voir ce que donne ce bidule !

D’où sort ce truc !?

Nous connaissons le Royaume-Unis principalement pour leur mauvais goût en matière de gastronomie, leur monarchie anachronique, leur conduite du mauvais côté de la route et leurs unités bizarres. Mais savais-tu que c’est également une terre de jeu vidéo ? Et de puis longtemps en plus ! Parmi les studios historiques il y a par exemple Core Design, Ocean Software ou encore le mythique studio Rare.

Plus récemment, en 2018, l’entreprise Blaze Enternainment entre dans le jeu (vidéo) et plus particulièrement dans le monde des consoles de salon, un marché aussi fermé que l’esprit d’un dictateur. Cependant la stratégie de Blaze Entertainment est très loin du fantasme périmé de la surpuissance des machines pour afficher toujours plus de pixels et plus d’images par seconde (allant bien au-delà des capacités de notre vue humaine limitée). Non. Leur credo c’est le rétro.

Une emboîtement simple et efficace. Ça fait sérieux. Pas comme une boîte de PS 5.

La philosophie de la boîte est très simple : proposer des consoles portables et de salon permettant de jouer à des jeux anciens et indépendants officiels. Tout cela avec des sensations retro et un support physique (cartouche) pour les jeux. Tout va très vite pour la petite entreprise Anglish de Letchworth Garden City qui démarre en 2019 une levé de fond et annonce sa première console portable retro dans foulée. Cette dernière, la Evercade Handheld, sort en 2020. En 2021 c’est la version console de salon, l’Evercade VS, qui pointe le bout de son nez en plastique. Depuis la marque a sorti de nouvelles versions de ses consoles portables et de salon ainsi que des mini bornes d’arcade et des consoles de poche dédiées à des studios de renom.

Promis, c’est pas tombé du camion !

Venons en maintenant à l’objet de ce test aux fraises : l’Evercade VS-R. Le packaging est sobre mais efficace et ont sent que ce n’est pas une fausse console merdique venue tout droit de la dictature chinoise. Regardons donc l’étiquette au dos de la boîboîte, c’est sûrement fabriqué au Royaume-Uni… ah… « Fabriqué en Chine ». Chié ! Je suis vraiment une bête trop naïve !

Passons ce détail, qui laisse quand même une petite douleur persistante en dessous du coccyx. La console est petite, légère et ses formes simples rappellent ce qui se faisait dans les années 80/90 avec quelques arrondis aux angles plus modernes. Sur le dessus se trouve un capot qui s’ouvre facilement pour donner accès à deux ports de cartouche ce qui permet d’avoir à disposition simultanément plusieurs compilations de jeux vidéo.

Une petite brique en plastique hyper légère produite dans le pays du soleil levant (et de la merde en plastoc exportée en masse).

Sur le devant se trouvent quatre ports USB pour accueillir autant de manette, et donc de joueurs. Et au cul du bousin juste deux ports : un micro B pour l’alimentation et un HDMI (câble non fourni) pour l’affichage. Et puis c’est tout ! C’est bien. Ça fleure bon la console bête et méchante que tu branches et à laquelle tu joues direct sans te poser de questions.

Une manette pour grand (enfant)

Côté manette le constat de prime abord est moins enthousiaste. Sa taille est un peu imposante mais correspond bien aux mains d’un adulte (celles de NES et Super NES étaient faites pour les petites mimines des gosses). La forme générale bien carrée fait penser à du retro. Quatre boutons (A, B, X, Y), deux gâchettes de chaque côté (pour les jeux PlayStation), un bouton START, un bouton SELECT, un bouton « Evercade » et une croix directionnelle. A la fois simple et plutôt complet. Par contre les « gâchettes » sont une vraie torture pour les doigts un peu longs. Attention pour les sessions un peu longues à ne pas finir avec des doigts crochus comme un avare perclus d’arthrite.

Et puis il n’a pas de joystick non plus. C’est de toute façon inutile dans la plupart des jeux proposés par Blaze Entertainment. Et puis la console peut accueillir une grande partie des manettes modernes branchées en USB. J’ai testé avec une manette de PS4 et ça marche comme maman dans papa. C’est bien beau tout ça mais je ne suis pas ici pour m’esbaudir sur un putain de morceau de plastoc chinois. Il est temps de brancher la bête pour voir ce qu’il en est !

La manette n’est pas très confortable pour un sanglier avec des grandes paluches. Je vais me couper les phalanges pour utiliser les gâchettes avec plus de confort.

Qu’est-ce qui tourne sur ce bidule ?

L’Evercade s’allume. Un liseré de lumière s’anime sous le capot des cartouches avec un petit effet plutôt sympa. Après un choix de langue, un paramétrage du Wifi et le téléchargement d’une mise à jour, nous voilà sur l’interface. Oui, ça fait pas trop retro d’avoir un menu utilisateur avant d’arriver sur le jeu. Mais c’est bien pratique surtout que celui-ci est réduit à plus simple expression. Il se résume avec quatre icônes sur la gauche de l’écran : un accès au contenu de la cartouche, un jeu gratuit disponible chaque mois, la liste des cartouches disponibles (et surtout toutes celles que tu n’as pas), un accès aux paramètres de la console.

Gros point noir à mon sens côté interface : impossible de faire des captures d’écran ou d’enregistrer des vidéos des jeux. C’est franchement dommage sur une console moderne ne pas pouvoir enregistrer des images pour les partager sur le web.

Le menu est simple et présente plutôt bien. Par contre tout est en roast beef… Pas ouf pour les pauvres français anglophobes.

Une pilleuse de tombeaux pour tester la bête

Pour voir comment fonctionne la chose je fourre la cartouche de Tomb Raider (fournie avec la console) et je lance le bazar. Résultat : le jeu est absolument fidèle au rendu de la version d’origine (sortie en 1996 sur PC, PlayStation et Saturn) avec un format 4:3 et aucun lissage des polygones. L’affichage est quand même en 1080p et un menu de la console permet à tout moment de modifier le format d’affichage (en 16:9 par exemple) et le rendu avec de menues améliorations. Côté maniabilité la manette fait bien le job et on retrouve clairement les sensations des années nonante que le vieux sanglier que je suis apprécie avec nostalgie.

Tomb Raider fait partie des jeux les plus poussés graphiquement que l’Evercade peut faire tourner. Les jeux disponibles sont donc des épisodes retro datant des premières consoles et PC jusqu’à l’ère 32 bits. A cela s’ajoute tous les jeux indépendants dans cette gamme de performances graphiques (2D et 3D des débuts).

Le manoir de Lara version 1.0 dans son jus de pixel comme je l’adore !

De la collectionnite éhontée

Ici nous ne sommes pas face à une émulation de console pourrave. Les jeux sont officiels, en boîte, avec notice, sur cartouche et adaptés par Blaze Entertainment en partenariat avec les ayants droit des diverses licences vidéoludiques. Un gros point positif mais aussi un axe de fidélisation pour les joueurs. Malheureusement les boîtes et les notices sont toutes petites. Presque autant que le pénis des propriétaires de grosses bagnoles. Le vieux collectionneur matérialiste que je suis aurait bien aimé aligner un bazar plus imposant sur ses étagères.

Il ne faut pas grand-chose pour déclencher la collectionnite chez les pauvres victimes du retro gaming (dont je fais partie). Il suffit juste d’ajouter un numéro sur la tranche des boîtes et voilà ! Bon, les jeux ne sont pas très cher : entre 20 et 30 € à leur sortie. En plus ce sont très souvent des compilation avec parfois jusqu’à six jeux ! Mais fais bien gaffe à les chopper à leur sortie sinon tu devras les payer trois fois le prix sur le marché secondaire. Après il ne faut être trop con et attendre que l’éditeur fasse un réassort. Ce qui arrive de temps en temps.

Une boîte. Une notice. Une cartouche. A l’ancienne comme on l’aime. C’est un peu petit quand même.

Le verdict du sanglier

Pour être honnête petit marcassin : j’aime beaucoup l’Evercade. Retrouver les sensations d’antan de grands classiques du jeu vidéo avec une console et des jeux à prix honnête c’est foutrement agréable. Le tout avec des licences officielles et un format physique. Beaucoup de cases sont cochées dans la liste du joueur retro acharné. Mais pas toutes. La manette est pas mal mais largement perfectible niveau confort. La fabrication chinoise tout en plastique fait un peu chiche (à voir la durée de vie de la console sur le long terme). Le manque de fonctionnalités modernes comme la capture d’écran est très dommageable. En dehors de ces quelques défauts je glisse petit à petit dans l’addiction des petites cartouches de Blaze Entertainment. Et le pire (ou le mieux) c’est que ce dernier en sort des nouvelles quasiment chaque mois !