Tu en as marre des licences qui te promettent des dragons comme Game of Thrones ou Dragon Age et qui au final te laissent à peine entrevoir une écaille de reptile à la toute fin ? Alors j’ai le jeu parfait pour toi ! C’est parti pour Drakengard sur PlayStation 2 ! Et promis, du dragon tu vas en bouffer jusqu’à l’écœurement.

Il sort d’où ce bousin ?!

Drakengard est un jeu vidéo bâtard. Oui, le sanglier n’a pas peur des mots. Je vais t’expliquer petit marcassin. Drakengard née de l’esprit de Takamasa Shiba et Takuya Iwasaki des studios Cavia. Nos deux compères voulaient à l’origine faire un jeu de combats aériens à la Ace Combat mais avec des dragons. En avançant dans le développement, l’idée d’ajouter des phases au sol (genre Dynasty Warriors) traverse l’esprit de l’équipe. Le petit soucis, c’est que les phases de combat aérien et à pied c’est pas la même histoire, surtout quand tu n’as pas d’expérience. Histoire de rajouter de la difficulté à la difficulté, la console ciblée (la PlayStation 2) imposait des contraintes techniques qui ne permettaient pas de donner réalité à tous les fantasmes de Cavia.

Finalement Cavia accouche de Drakengard dans la douleur en 2003 au Japon (2004 en France) édité par Square Enix. Le résultat est chelou au possible. Une espèce d’enfant monstrueux d’un trouple salace composé d’un shooter genre Panzer Dragoon, un « tabasse les tous » (beat’em all) à la God of War et un scénario bien sombre du type Berserk. Regardons tous ça dans le détail et commençons par le plus intéressant pour une grosse bête gothique comme moi : l’histoire bien caverneuse de Drakengard.

A première vue rien de neuf sous le soleil. Un bon vieux « tabasse les tous » des familles avec la rigidité d’un majordome.

Comme la petite sirène (mais avec un dragon)

Au départ le scénario de Drakengard semble aussi convenu qu’un « accord » de COP. La bonne Union (le gentil très gentil) se bat contre le vilain Empire (le méchant très méchant). Bon, jusqu’ici rien de neuf sous le soleil pixelisé des jeux vidéo. Toi dans tout ça tu incarnes Caim, et tu démarres le jeu en pleine bataille contre l’odieux Empire. Très vite tu apprends que tu dois protéger ta sœur Furiae qui est une déesse dont le corps abrite un sceau qui doit rester scellé pour protéger le monde de la Renaissance. Euh… Hein ? Tu te la donnes donc à fond pour atteindre ta sœur au fin fond de la forteresse assiégée en défonçant de l’impérial à tour d’épée. Après moult péripéties et blessures sanglantes, tu te retrouves face à un dragon qui n’est pas en meilleur état que toi. Comme vous êtes tous les deux sur le point de canner vous décidez de faire un pacte pour sauver vos vies respectives. Le prix du pacte pour Caim : sa voix. Oui je sais. Comme la petite sirène Ariel.

Si comme ce bon vieux Johnny tu aimes allumer le feu alors tu vas être servi avec les phases à dos de dragon façon « tire les tous ».

Gore et dérangeant… Cool !

C’est le début de l’une des intrigues les plus gores, torturées et dérangeantes du jeu vidéo. On dirait pas hein comme ça ? Voici quelques exemples bien dégueu pour te donner un aperçu. Furiae est secrètement amoureuse de son frère Caim ce qui rend jaloux son mec Inuart. Oui je sais (une nouvelle fois). C’était avant le couple incestueux de Cersei et Jame Lannister. Tu en veux encore ? Parmi les trois compagnons que tu rencontres dans ton aventure (Leonard, Seere et Arioch), Leonard est un ermite pédophile et Arioch mange de jeunes enfants dans sa folie pour les « protéger ». Putain de bordel de merde ! Là c’est bien sombre ! Un peu trop d’ailleurs. En tout cas il y a peu de jeux dans lesquels ces thématiques sont abordées…

L’histoire se développe petit à petit au fil des batailles mais les personnages sont un peu parachutés comme Manah la prêtresse des Archanges. Les dialogues ne sont pas très bien écrits et apparaissent en pleine bataille de façon inutile. Le scénario ainsi distillé avec parcimonie garde ainsi une part de mystère bienvenue. Un peu comme une série de télé-réalité merdique avec des cassos dans une villa. Et le « héros » Caim dans tout ? Ben il kiffe sa life avec son dragon.

Tu peux faire appel à tes copains tarés à tout moment. Ici c’est Arioch, la détraquée qui bouffe des gosses pour les protéger.

Vous reprendrez bien un peu de dragon pour le dessert

Comme je disais en préambule de ce test complètement con, du dragon tu vas en bouffer petit marcassin ! A peine le pacte scellé avec ta nouvelle bestiole volante de compagnie tu t’élances dans le ciel pour massacrer les soldats ennemis à grand renfort de flammes draconiques (leur race les impériaux). D’abord sur le champs de bataille pour transformer en magma de tripes bien dégueulasse les troupes de l’Empire, puis totalement dans les airs pour ravager les unités aériennes adverses.

Voilou. Maintenant tu connais les trois gameplays principaux. D’abord à pied pour défourailler du mob avec Caim. Ça se joue comme un « tabasse les tous » ou un musô, voire comme un action RPG bas du front. Tu gagnes de l’expérience façon jeu de rôle et tu débloques des armes qui te procurent chacune des pouvoirs magiques particuliers. Ton personnage et tes armes peuvent monter de niveau. Dans ce mode « champs de bataille » tu peux grimper sur le dos de ton dragon à tout moment pour ravager en masse les ennemis.

Ce type de gameplay alterne avec un mode entièrement aérien pour des combats genre shooter. C’est très rustique avec des attaques libres et ciblées. Il y a aussi une attaque ultime qui claque son pépé. Tout ce bordel d’attaques enflammées s’accompagne de bon gros effets visuels à l’américaine.

Ta grosse bestiole de compagnie immonde gagne des niveaux aussi.

Le répétition de l’ennuie dans un monde maussade

Ça a l’air bien cool toute cette sorte de choses mais manette en main ce n’est pas vraiment Byzance. Les déplacements de ton perso sont hyper rigides que ce soit sur terre ou dans les airs. Il y a autant d’inertie dans chaque action que dans la politique environnementale de l’Union européenne. Bref, c’est un putain de paquebot à mener ton bonhomme au sol ou ton rat volant écaillé dans les airs. La camera est une foutu catastrophe même pour l’époque.

Et puis le jeu est hyper répétitif. Un truc de malade. C’est chiant comme un spectacle à l’école de tes gosses. Tu tapes, tu tapes, tu tapes. Et ça dure, et ça dure, et ça dure. Aucune variation notable ni subtilité ni évolution du gameplay. Même regarder l’Eurovision c’est moins chiant. Nan, je rigole !

Côté graphismes le jeu n’est pas moche (comme Thérèse). Drakengard nous gerbe allégrement au visage de beau effets visuels de flammes ce qui est plutôt bien pour la PlayStation 2. En revanche les environnements sont aussi pauvres que la tolérance d’un fasciste. Un brouillard façon San Francisco limite plus que fortement ton champs de vision. Les couleurs sont tellement ternes qu’on se croirait à Cherbourg au mois de novembre.

Bref, c’est pas fifou à voir. Mais aussi à écouter en fait. Les musiques sont de type classique et collent bien à l’ambiance malsaine avec des cordes aiguës et des cuivres puissants. Le souci de la musique et des effets sonore est le même que celui du gameplay : sa répétitivité. C’est con hein ?

Cavia a réussi à caller des explosions nucléaires dans un jeu de fantaisie médiévale… Chapeau bas.

Toujours plus de fin

Le jeu se termine en une grosse dizaine d’heures sachant que la difficulté est assez relevée et que certains passages nécessiteront de rejouer des missions pour monter de niveau. Tout cela te permet d’accéder à la première fin. Oui petit marcassin. J’ai bien dit la première fin. En tout il y en a cinq. Ce sont de vraies fins alternatives qui sont toutes de plus en plus bizarres jusqu’à la dernière qui est une vraie apothéose du « quel est cette baise » (« what the fuck » chez les mangeurs de rôti à la menthe). Pour atteindre c’est fins alternatives il te faudra rejouer des missions en atteignant des objectifs de temps ou bien collecter des armes. Ainsi la dizaine d’heure du début dépasse allégrement les 40-50 heures pour tout débloquer.

Je ne t’en dis pas plus. Je te laisse le soin de découvrir tout ce joyeux bordel scénaristique. Par contre je peux te dévoiler que la trilogie des Drakengard est le préquel de la série Nier. Voui ! Je blague pas ! L’intrigue des Drakengard se déroule plusieurs milliers d’années avant celle de Nier. C’est cool hein ?! Non ? Bah moi je trouve ça sympa.

Cet environnement malaisant ressemble foutrement à une forêt de bites.

Le verdict du sanglier

Drakengard est une pépite en gestation. Le scénario est bien dégueulasse comme nous le voyons peu dans les jeux vidéo. Le genre action RPG peu courant sur console au début des années 2000 fait bien saliver et les premières minutes sont plutôt plaisantes. Mais très vite c’est la bonne grosse douche froide de glaçons dans le slip. Le jeu est répétitif comme pas possible ce qui gâche tout le putain de plaisir. Et pourquoi jouons nous aux jeux vidéos ? Pour le fun quand même bordel ! Reste la promesse de plusieurs fin alternatives d’un récit torturé avec des protagonistes complexes. Les différentes fins vont crescendo dans les révélations jusqu’à un final ultime qui laisse pontois. Rien que pour ça le jeu vaut le détour.